Transformation digitale de la France vue par les entreprises allemandes: DigiLence enquête aux côtés
C'est devenu un rituel depuis 12 ans: toutes les 2 années, la chambre de commerce Franco Allemande (CFACI) mesure la perception des entreprises allemandes sur l'économie française en posant pratiquement les mêmes questions.
Pour l'édition 2018, les entreprises ont toutefois également été interrogées sur leur perception de la transformation digitale de leurs équipes et plus globalement des écosystèmes français. Cette année, DigiLence a été sollicité pour se joindre aux équipes d'EY et réaliser près de la moitié des entretiens qualitatifs.
Cette étude a mis en évidence que les réformes en cours, qui s'attachent à résoudre les problématiques structurelles de la France, sont très bien perçues par les entreprises allemandes. L'attractivité de la France a fait un bond spectaculaire: ce point a été largement repris dans la presse de la semaine.
Cependant en matière d'adaptation aux enjeux de la transformation digitale, la perception des actions gouvernementales entreprises sont légèrement en retrait. Alors que la mise en œuvre de la transformation digitale est le quatrième enjeu des équipes françaises (près d'une entreprise sur deux considérant ce thème comme "très important"), 4 entreprises sur 10 ne sont toutefois pas satisfaites de la performance de leurs équipes françaises sur cette dimension.
On retrouve un travers typique des atouts de la France: ce pays d'ingénieur très créatif a beaucoup d'atouts pour réussir dans ce monde digital. Cependant, la créativité et l'excellence individuelle ne font pas tout : il est important de mettre en œuvre à grande échelle, ce qui nécessite une démarche centrée autour de l'intelligence collective.
Les entretiens menés ont aussi conduit à identifier que les moyens publics sont jugés plus dispersés qu'en Allemagne, avec par exemple un nombre de laboratoires qui est le double de celui de l'Allemagne, où états, régions et entreprises peuvent unir leurs moyens sur des dispositifs à taille plus opérationnelle.
Autre point récurrent: la thématique de l'apprentissage et de la formation professionnelle ne peut être dissociée de celle de la transformation digitale, car la mise en œuvre des solutions réclame du personnel formé aux nouvelles technologies digitales - et la formation professionnelle française est très en retrait par rapport aux meilleures pratiques largement répandues en Allemagne. Les entreprises allemandes, qui commercialisent des produits souvent très techniques, sont pénalisées dans leur développement en france du fait d'une pénurie de techniciens.
En conséquence, l'environnement allemand est perçu certes comme étant moins créatif, mais plus apte à appliquer de manière concrète et opérationnelle les démarches utilisant les nouvelles technologies.
La baisse de popularité de l'été du gouvernement est d'ailleurs le reflet d'une communication insuffisante et déstructurée, qui a du mal à convaincre et mobiliser le grand public. Un classique des problématiques de transformation digitale: l'engagement du facteur humain est indispensable à toute transformation.