e-Santé : Comment réussir les transformations systémiques
A l'occasion de son dossier consacré à l'innovation e-Santé, Information Entreprises a interrogé DigiLence sur les conditions permettant de réussir les transformation systèmiques
e-Santé : COMMENT RÉUSSIR LES TRANSFORMATIONS SYSTÉMIQUES
William Zanotti, Laurence Samelson, Philippe Tronc, François Versini : plus de trente années d’expérience dans les thématiques de la transformation des entreprises qui ont mené à la création de DigiLence ! Leur ambition ? Créer un cabinet de conseil spécialisé dans l’accompagnement senior des dirigeants. Leur but ? Les aider à structurer leurs démarches d’innovation, de transformation et d’excellence opérationnelle à travers un réseau d’experts triés sur le volet. Focus !
Informations Entreprise : Transformation digitale, où en est le secteur de la santé ?
François Versini : Le secteur de la santé est en mutation profonde, entre contraintes démographique, financière, opportunités de découvertes médicales et transformation digitale. Crise des urgences, déserts médicaux, maladies chroniques : pour y répondre le digital est une des solutions incontournables, en témoignent les nombreuses réformes initiées, et l’avènement de nouvelles plateformes, dont récemment Mon Espace Santé.
La dynamique des projets importants des dernières décennies, DMP et autres plateformes et applications, s’accélère mécaniquement mais ceux-ci restent peu interopérables, et peu utilisés. Trop souvent, l’approche réductionniste des projets se heurte à une transformation qui elle est systémique.
MaSanté2022 (devenue ‘stratégie d’accélération du numérique en santé’) change la donne.
I.E - Diriez-vous que la méthode employée n’est tout simplement pas la bonne ?
François Versini : Attention tout d’abord au distinguo entre informatisation, numérisation et digitalisation !
L’informatisation c’était automatiser et fluidifier les processus, et supprimer le papier. La transformation digitale est d’une autre nature, écosystémique avant tout. Elle questionne plus encore les usages et les organisations vers une collaboration accrue et une meilleure qualité des soins
William Zanotti : Mon Espace Santé veut moderniser le système de santé français en connectant différents systèmes qui, quand ils interagissent correctement, voient leur impact thérapeutique combiné largement accru. Il faut pour cela aller au-delà de la simple transmission d’informations et gérer cette nouvelle abondance des données.
I.E - Comment chaque corps de métier doit-il s’organiser ?
Dr. Laurence Samelson : Nous devons disposer de la bonne information au bon moment. Nous devons favoriser une organisation des parcours de soins plus efficace et efficiente. Ce sont les deux questions majeures.
Pour les médecins l’enjeu est de trouver la bonne donnée, à vraie valeur ajoutée apte à favoriser la continuité dans le parcours de soin. La digitalisation permet de coordonner les acteurs, de redonner du sens à chacun, de gérer le flux patient de manière qualitative à travers une information maîtrisée.
Pour l’hôpital, là encore, le partage de données est essentiel pour la qualité et la fluidité des soins, en interne ou avec la ville. Une transformation digitale adaptée, c’est améliorer la gestion des flux (médicaments, dispositifs médicaux, patients ou personnel), et améliorer l’expérience des patients et la qualité du travail des personnels soignants et accompagnants.
Chacun tend à devenir acteur de sa santé. La digitalisation, c’est accéder à l’information et à de nouveaux outils d’accompagnement. Elle contribue à cette nouvelle relation entre le médecin et le malade. Dès lors, il faut aussi s’assurer que tous les patients peuvent en bénéficier.
Pour cela, nous devons décloisonner l’accès à l’information en structurant celle-ci vers la bonne personne, au bon endroit, au bon moment ! Nous devons aider l’écosystème de la santé à comprendre ces évolutions, à s’approprier ces nouveaux outils et à intégrer tout cela dans ses pratiques.
La Covid-19 a démontré notre capacité à agir vite en harmonisant les processus, au-delà de ce qui était imaginable.
I.E : Pourquoi est-il nécessaire de se faire accompagner ?
William Zanotti : Accompagner les décideurs, pour nous, c’est adresser les défis sur l’ensemble des dimensions existantes : besoin, technologie, organisation, et bien sûr, l’humain. Or il est difficile d’avoir le bon recul quand on est aux manettes !
Il n’y a pas de recette miracle transposable : nous capitalisons et adaptons nos recommandations à chaque contexte.
Tout d’abord comprendre l’écosystème : Chaque acteur doit composer avec ses propres défis métiers et technologiques. Il faut connaître ce que permettent et induisent les technologies, et savoir anticiper les réactions et les dynamiques systémiques de chacun.
Pour ce qui est des technologies et des organisations, en connaissant les possibilités du digital, ses prérequis et ses contraintes, en passant en revue l’ensemble des interactions entre acteurs, nous augmentons les chances de réussite.
I.E : DigiLence se positionne ici comme un véritable pure-player de la transformation.
William Zanotti : Les défis posés par les transformations sont certes multiples mais souvent transposés. La consolidation des retours d’expérience nous permet de comprendre rapidement les problématiques que peut induire une transformation systémique et complexe.
Nous avons massivement investi dans nos profils et nos recherches afin de proposer une démarche globale et cohérente, et nous venons d’être agréés organisme de recherche et d’innovation.
Nos relations avec le monde académique, avec le réseau France Supply Chain, la filière de santé numérique ou encore France Processus sont autant d’apports qui illustrent et constituent notre approche.
I.E : Vous vous présentez comme un expert « Ethic By Design ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
Philippe Tronc : La notion d’éthique est centrale. C’est pour cela que nous avons tout d’abord fait le choix de l’indépendance. Mettre en place des systèmes au sein d’infrastructures de santé est une lourde responsabilité, au niveau des technologies ou des fournisseurs. Nos comités scientifiques nous permettent d’innover, mais aussi d’établir une distance, de prendre du recul.
Cette distance est nécessaire aussi pour y voir clair en termes d’évolution d’organisation. Nous devons rester à l’écoute des structures et des métiers. En prenant en compte chaque dire, en observant chaque dynamique, notre volonté est ainsi d’éclairer le futur, d’accompagner nos clients, tout en s’adaptant à leurs usages. Nous ne sommes pas des Sachants, mais des Aidants.
L’éthique, c’est aussi la donnée. Pour nous, la data est un moyen d’avancer vers la connaissance. Il est indispensable de la rendre interopérable, d’automatiser sa transmission, mais aussi de la protéger. Nos valeurs nous poussent à la prudence et à la méticulosité. Il reste encore beaucoup à faire, notamment sur le respect de la vie privée.
Enfin, la digitalisation implique bien évidemment une montée en compétences, un accord entre les différents acteurs. Lors de la création de l’école d’ingénieurs ISIS, à Castres il y a plus de dix ans, nous voulions créer un pont entre la recherche académique et le réel, entre les sciences du vivant et l’informatique, supprimer les frontières entre ces mondes, et ainsi servir au mieux l’écosystème, les patients, et l’ensemble de la population.
En synthèse, nous sommes comblés quand nous contribuons à donner du sens pour les professionnels de Santé, en mettant les technologies et les méthodes au service du Patient. L’Homme toujours plus au centre.
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