Les 5 clés pour comprendre la transformation digitale
1 - En quoi les technologies actuelles diffèrent-elles fondamentalement des précédentes évolutions ?
L’évolution des technologies est un mouvement permanent.
Dès les années 1970, l’informatisation est re
ntrée en force dans les entreprises pour y automatiser les travaux administratifs ;
A partir des années, 1990, l’ordinateur portable, internet et le téléphone mobile ont commencé à révolutionner les activités de services et les métiers d’encadrement.
Alors, en quoi la vague de technologies disruptives actuelle de Big data, intelligence artificielle, internet des objets, blockchain, réalité virtuelle et augmentée, robotisation diffère-t-elle des précédentes disruptions ?
- D’une part ces technologies, dont la baisse du coût d’accès les met à portée du grand nombre, interagissent entre elles très rapidement et, comme des notes de musique, elles permettent d’écrire des partitions très différentes. Ainsi le salon du bigdata Paris concluait en mars dernier que 2018 sera l’année de la convergence entre le big data et les autres technologies de rupture. C'est l'évolution parallèle et simultanée, dans une période très courte, de technologies logicielles, matérielles et d'infrastructures nouvelles, qui constitue la disruption technologique sans précédent que nous vivons.
- D’autre part, elles révolutionnent le partage de la donnée au sein de l’écosystème des entreprises : alors que les ERP ont conduit à structurer la donnée au centre des systèmes d’information à l’intérieur des entreprises, ces technologies permettent maintenant leur partage à l’extérieur, entre acteurs économiques : les clients, les fournisseurs, les concurrents, les partenaires ont accès à la même donnée. Et ça change tout.
2 - En quoi les transformations actuelles diffèrent-elles des précédentes transformations ?
Corolaire de ce qui précède, la « transformation digitale » anglicisme rendu nécessaire pour la distinguer des précédentes transformations numériques, affecte maintenant les relations entre l’entreprise et toutes ses parties prenantes, et non plus les relations au sein des entreprises.
Une donnée plus abondante et plus ciblée permet de développer des prestations de services plus personnalisées. Le partage de la donnée ouvre de ce fait le champ des possibles et crée l’opportunité de nouveaux services collaboratifs.
Ainsi par exemple, un équipementier aéronautique, qui depuis toujours vend des trains d’atterrissage, est sur le point de modifier son modèle économique et louer en facturant au contact avec le sol. Cela est rendu possible par une combinaison IoT + blockchain. C’est plus intéressant pour le client, qui va payer selon son besoin, et pour le fournisseur, qui va optimiser la durée de vie de son produit, et pour la planète. Des lors que les rémunérations des pilotes intègrent les rebonds à l’atterrissage, cela devrait mécaniquement conduire à des trains plus durables et des passagers moins secoués à l’atterrissage.
Autre exemple, le Groupe Accor, qui n’a pas vu arriver la concurrence de Booking, TripAdvisor et Airbnb, a annoncé en février 2018 qu’il vendait la majorité de ses « murs » afin d’accélérer sa transformation digitale. Sa brillante CDO annonçait lors d’un séminaire organisé par le ministère du travail en Avril dernier qu’Accor voulait ainsi devenir le nouveau booking !
3 - Quels sont les enjeux des technologies de rupture ?
La disruption digitale est donc d’abord affaire de repositionnement stratégique, de créativité et… d’agilité. L’entreprise se réinvente dans une course perpétuelle à l’innovation propre à séduire son Client, lui même en mutation.
Alors que la transformation numérique a réduit la dépendance envers le facteur humain pendant 30 ans, la transformation digitale remet l’humain au cœur des enjeux des entreprises car l’humain est l’essence même de la créativité et de l’agilité. Cela peut apparaître comme un paradoxe au moment où l’on parle beaucoup d’intelligence artificielle !
Alors que l’innovation a été pendant longtemps issue des savoirs faire endogènes des entreprises, elle doit maintenant naître de partenariats avec d’autres acteurs dans des démarches d’innovations ouvertes contre-nature pour beaucoup d’organisations.
Lors de la conférence de novembre 2017 du think tank spécialisé en innovation de santé Healthcare Data Institute, Virginie Hauswald a justement rappelé que le repli sur ses données par chaque acteur était contreproductif : la valeur n’est pas dans la donnée mais dans les services que l’on peut développer autour de l’utilisation de la donnée ; Or plus les données sont « big », plus les possibilités d’utilisation croissent. La conservation jalouse des données par chaque entreprise leur ôte de fait une grande valeur économique.
A ce titre, la RGPD va ouvrir de nouvelles perspectives très intéressantes, en permettant de structurer le partage de la donnée autour de principes clairs qui protègent la vie privée et donnent le contrôle de l’usage de la donnée aux individus. Et tout récemment, l’Union Européenne vient d’annoncer une série de mesures visant à faciliter l’accès aux données et leur réutilisation.
4 - La blockchain est-elle vraiment une technologie d’avenir ?
La Harvard Business Review de février 2018 qui a fait sa une sur cette question, a répondu clairement par l’affirmative, tout en faisant une analogie très intéressante avec la durée nécessaire au protocole TCP/IP pour faire exploser les usages d’internet, et en citant l’ordre de la décennie avant que l’économie se « blockchaîne » en entier.
Alors que le protocole TCP/IP porte sur la transmission de la donnée, la blockchain permet son partage entre acteurs sans permettre qu’un seul la détienne.
La blockchain permet corrélativement de garantir l’inaltérabilité de la donnée – alors que la numérisation a contribué à augmenter considérablement la possibilité de falsifier des documents originaux (numériques, mais également papiers). Cette garantie est indispensable dans un monde où l'information est reine et qui a besoin de solution pour en garantir l'inaltérabilité.
Le dernier colloque organisé le 13 avril par Medicen dans les locaux d’IBM a confirmé tout le potentiel qu’offre la blockchain dans la transformation du secteur de la santé, car elle assure la confidentialité appropriée de la donnée tout en permettant son partage. Toutefois, il a été rappelé qu'au préalable il fallait trouver les bons modèles économiques et écologiques et construire la volonté de collaborer parmi les partenaires de l’écosystème. Et c'est cela qui prend du temps.
5 - Comment réussir sa transformation ?
Nous avons recensé une cinquantaine de causes qui expliquent pourquoi 6 projets sur 10 échouent, et préconisons une démarche en 4 étapes.
Comprendre : la disruption digitale, c’est quoi ?
Structurer : comment rendre l’entreprise plus agile, plus créative, plus digitale ?
Réaliser : comment réussir ses projets?
Performer durablement : comment maintenir durablement agilité, créativité et efficacité
Il faut tout d’abord (1) bien comprendre la nature des transformations en cours – car cette fois-ci il s’agit d’abord d’une transformation de l’entreprise avant d’être la simple introduction de technologies comme cela a été le cas pendant les 30 dernières années de numérisation.
Ceci étant posé, il faut ensuite (2) enlever les points de blocage qui empêchent l’entreprise de se transformer : agilité, créativité, montée en compétences. Il est intéressant de constater que les difficultés des entreprises établies à se digitaliser n’ont d’égal que celles … des start-ups à établir des modèles économiques pérennes. Car il faut parvenir à maîtriser à la fois la transformation -avec son cortège de créativité et d’agilité – et l’excellence opérationnelle – qui permet de mettre en œuvre des modèles économiques viables et efficaces. Les premières se débattent avec l’agilité et la créativité propre au digital quand les start-up se débattent avec l’excellence opérationnelle pour monter en volume et trouver des modèles économiquement viables.
On pourra alors (3) pleinement apprendre en conduisant des projets de transformation. Trop souvent les entreprises échouent car elles initient cette étape en ayant ignoré les deux précédentes.
Le dernier enjeu (4) consiste à pérenniser créativité et agilité sur le long terme. Cet objectif particulièrement ambitieux peut s’appuyer sur les démarches EFQM, qui aiguillonnent précisément sur le long terme les entreprises dans ce sens.
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